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La série des pièces intitulées "Anachronies" est bâtie sur le paradoxe incontournable de la communication qui veut que dans toute conversation, bien que le vocabulaire, la langue soient les même, les discours restent cependant parallèles du fait des présupposés différents de chacun, ce n'est qu'un "qui pro quo" au sens étymologique. Le matériau est donc un vocabulaire restreint (source d'unité) mais multiforme (source de développement) qui s'articule dans des discours parallèles ayant chacun une sorte de continuum temporel propre (expression du paradoxe d'incommunicabilité) d'où la notion de hors temps, non-temps, et aussi de référence au passé (mémoire) entraînant le jeu de mot entre a - chronique et ana - chronique.

Stoïchéïa, le titre est un terme de la philosophie grecque qui désigne les éléments logiques fondamentaux préexistants à la construction du discours (Aristote, Rhétorique 1,2). La pièce se présente sous la forme de deux quatuors placés de part et d'autre de la contrebasse qui fait fonction de soliste. La partition, construite à l'image d'un kaléidoscope, présente la combinaison statistique d'un nombre fini d'objets sonores, combinaison qui ne permet pas de reconnaître l'aspect formel des éléments dans leur répétition. La construction est basée sur des couples d'éléments opposés : aléatoire / mesuré, modal / sériel, quatuor1 / quatuor2, chef / soliste, etc...

Antibolie, signifie étymologiquement une supplique, une prière, une plainte proférée aux yeux de ce que certains appellent la fatalité, d'autres encore Dieu selon la réponse rassurante que chacunessaie de se donner face à la grande question universelle. L'instrument principal, l'alto, est à l'orchestre ce que le coryphée est au chœur antique. Ce n'est pas un dialogue mais plutôt une exhortation mutuelle qui conduit le soliste à se fondre pour finir dans l'ensemble des instruments.

Diffractions pour Orchestre au contraire est construit sur l'irisation d'un rayon de lumière frappant un diamant, matérialisant ainsi la rencontre de deux unités simples, l'une mobile (actante), l'autre statique (circonstante) dont les variations combinatoires sont infinies, allant de l'ombre diaphane (densité minimum) à l'explosion de mille feux multicolores (densité maximum) en fonction du jeux des intensités. Le développement de la proposition exposée dés le début par la clarinette s'articule sur une combinaison de répétitions perverties tant dans la structure du matériau que dans la structure du temps. Se présentant comme un seul moment musical, la pièce révèle en fait treize microstructures organisées sur différentes pulsations. La mémoire s'y trouve donc sollicitée sans cesse à l'instar du miroitement des facettes de la pierre précieuse.

De Diffractions est née la pièce Dédicace pour Chœur Mixte et Petit Orchestre, écrite conjointement, dont l'argument supplémentaire est la présentation de trois poèmes expressionnistes allemands (dont les auteurs sont Else LASKER-SCHULLER et Georg TRAKL), et où le matériau par sa continuelle mouvance traduit les inquiétudes d'un monde déchiré, en éclats.

Le nom de Mnémésis est un jeu de mot grec composé de Mnémé : la mémoire et de Némésis : la vengeance et qu'il est donc possible de traduire par : la vengeance de la mémoire. L'argument est cette petite phrase dont la modalité et la structure lui donne un petit air de déjà entendu sans pour cela être une référence précise.

Tout le jeu est une analyse du comportement de la mémoire à la recherche d'une virtualité protéïforme qui se transforme au fil du temps, se recompose, se perd parfois définitivement. Dans cette quête, le souvenir se trouve parfois stimulé, parfois gêné par des éléments extérieurs, perturbateurs.
Destinée à un orchestre de jeunes musiciens, cette pièce utilise un langage à caractère sériel où l'organisation du matériau préfigure le monde complexe du domaine musical contemporain.

« In girum  imus nocte et consumimur igni » (pour orchestre d’harmonie, Commande de « L’Alliance Musicale de Maison Laffitte). Cette phrase qui peut se lire dans les deux sens est un palindrome en latin du 1er siècle (traduction : « Dans le cercle nous irons à la nuit et nous serons consumés par le feu »). Elle fait référence à des pratiques hermétiques de l’antiquité dont le sens mystérieux laisse place à l’imagination. La dialectique poétique du palindrome prend part à l’expression de l’éternel recommencement (tel le phénix qui renaît de ses cendres) et sa forme, par son mouvement rétrograde, entraîne une compression du temps sur lui même qui évoque un univers au cycle infini. En musique, le mouvement rétrograde est l'équivalent du palindrome (cf. Beethoven : la fugue du dernier mouvement de la sonate « Hammerklavier » op.106, n°29). Cette pièce de caractère dodécaphonique utilise un matériau simple (série) exposé dans les premiers accords et par la première phrase au trombone et saxophone ténor. La forme se développe pour culminer dans un mouvement répétitif paroxystique qui trouve son aboutissement dans un dénuement brusque et quasi total dont le caractère apaisant dissimule un recommencement possible. Ainsi la forme générale choisie n’est pas un mouvement rétrograde, qui aurait été un artifice non pertinent vue la brièveté de l’objet musical. Le texte musical se veut, à l’image de l’argument littéraire, l’expression d’un cycle court dont l’accord final n’est qu’un bref apaisement préfigurant un nouveau départ possible de la cellule / module originel.

 Diwali  (Commande du Conseil Général de Seine Saint Denis) est le nom de la fête des Lumières, qui dure une semaine pendant la première quinzaine de novembre, elle est l'occasion d'illuminer le ciel au moyen de lampes, de feux d'artifice et de feux de joie, et aussi d'échanger des cadeaux.
La partition intègre, à un discours orchestral dodécaphonique harmonisé, l’univers des percussions africaines (Djembes, Kenkeni, Dounoun) auquel s’associe un chœur d’enfants.

Ce pangramme, After 88, est une sucrerie sérielle mais sérieuse qui nécessite un piano descendant au La bémol (la note 89). Sans un piano Bösendorfer, en l'absence de cette basse extension, le pianiste doit jouer sur une Timbale, cette note rebelle. Sans le Bösendorfer et la Timbale, le pianiste peut être avantageusement remplacé par un avatar synthétique toujours de bonne humeur qui se rit de ce La bémol. Nous remercions donc Roland ou tout autre interprète virtuel pour une interprétation toute en finesse logarithmique et électronique.

Snowball est une petite boule de neige rythmique sérielle dont la substance suit la traduction morse de l’acronyme Ou Son Mu Po. Sa réalisation reste stochastique, chaque musicien intervenant sur signe du chef, pour conclure sur une coda stricte.

 

 

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